« Vidéotine » évoque le caractère addictif des médias. Je souhaite y exprimer comment les images comblent un manque et viennent substituer au réel. Le point de départ est le récit d’un souvenir d’enfance. Le souvenir, à l’instar d’une image, se substitue à l’absence. Il est résiduel, sous la forme d’un scénario partiel. Dans l’épreuve du temps, il se condense, se cristallise, se sublime, et il se dilue comme le sucre. Ce sont ces phénomènes de la mémoire que je cherche à incarner dans la matière vidéo. Je crée alors des installations comme des confiseries visuelles, inspirées du processus de fabrication du sucre, des Vidéotines. Le sucre convoque lui aussi la question du manque et énonce bien une quête de plaisir au-delà du nourrissage. C’est donc un insatiable besoin de manger qui reflète la voracité de l’œil. Les images se regardent comme « on mange des bonbons ». Elles sont transformées de manière « organique », car aucun effet n’est appliqué en postproduction. Nous sommes dans la rue des confiseurs. Cela s’entend aux cris des vendeurs ambulants de beignets, mêlées aux musiques des manèges, et aux bruits des bars casinos. Ici, le temps coule à flots. Les écrans deviennent le réceptacle de la mémoire du protagoniste.